On dispose de peu de renseignements entre le IVème et le XVIIèmesiècle : il est fait mention d’un cimetière mérovingien, du Vème au VIIIème siècle, d’une église romane et de la paroisse de Saint-Médard-d’Eyrans en 1274, d’une seigneurie indépendante dès le XIIIème siècle, dont le siège était le Château d’Eyran. Puis, c’est le trou noir jusqu’au XVIIème siècle : on n’a guère de documents écrits sur notre région, avant le milieu du Moyen-Age.
La vigne a donné la plus belle réussite à notre région dès l’époque médiévale (remplaçant ici le blé qui était cultivé depuis toujours) : alors, s’insinuèrent les grandes parcelles des domaines, « châteaux » viticoles, vastes propriétés aristocratiques ou bourgeoises, souvent créées ou convoitées par les Bordelais. Au XVIIIème, tous ces domaines étaient clotûrés : un mur de pierre et une grille fermaient l’accès à la cour, un pigeonnier dominait le tout.
La seigneurie de Saint-Médard-d’Eyrans fut en place au Château d’Eyran dès le XIIIème siècle (jusqu’à 1870). Plus tard, par le jeu des biens personniers, (indivision entre plusieurs seigneurs) une deuxième seigneurie fut créée au Château Lamothe.
De cette époque, nous conservons neuf châteaux ou maisons bourgeoises :
Basse-Terre (propriété privée située route des Fauvettes)
Tout près du château d’Eyran, cette demeure, qui appartient à la même famille, semble plus récente mais certaines parties anciennes datent de l’époque de Louis XIII.
Le domaine tire son nom de la famille «Basseterre» qui avait acheté cette parcelle, à la fin du 17ème siècle, à Gabriel de Sallegourde. Lorsque Stanislas de Sèze acheta Basse-Terre, il n’existait alors que le long bâtiment de « communs » appelé « l’annexe ». Célibataire, il fait construire une petite «gentilhommière» en pierre de Langoiran, sur un plan du 18ème siècle, réduit pour ses besoins d’homme seul : un corps central à pignon et 2 corps latéraux.
Au début du second Empire, période marquée par une intense activité de construction et de reconstruction, Basse-Terre est profondément remaniée.
Ce sont Pierre et Isabelle de Sèze qui en sont aujourd’hui les propriétaires.
Catiroy (propriété privée située route de Larchey)
Superbe construction sur le modèle des « chartreuses Louis XVI » dans la 2ème moitié du 18ème siècle : même plan que LARTIGUE, probablement même architecte.
Elle appartenait aussi à Caroline De Sallegourde, c’est Philippe De Sèze qui en est actuellement le propriétaire.
Le Chalet, ferme du Château d’Eyran (propriété de la famille De Sèze)
A côté du Château d’Eyran, une ferme attire l’attention par la quantité de bois utilisés pour sa construction faite sur un modèle de ferme landaise.
Victime d’un grave incendie qui l’a gravement endommagée dans les années 1970, elle est maintenant restaurée grâce aux plans d’origine conservés par la famille, dans son état des années 1780.
Le Château d’Eyran (propriété privée de la famille De Sèze, située Chemin du château)
Le château appartient, par le jeu des alliances, à la même famille depuis des siècles. Le château actuel a été construit au XVIIème siècle, le château primitif était plus bas dans le marais. C’était une maison forte autorisée par le roi d’Angleterre, il aurait été englouti dans le marais, il ne restait que la tour de la chapelle dans laquelle on peut voir encore les meurtrières caractéristiques au tir à l’arbalète.
Aujourd’hui subsistent aussi quelques termes tels que « Le Moulin Ruine ». Le premier château appartint dès 1317 à Guilhem De Budos seigneur de la Motte D’Eyran, neveu de Clément V. Vers 1347 il a été reconstruit par André De Budos, puis il devint propriété de la famille Dubernet au XVIIème siècle et par alliance, aux familles De Sallegourde puis De Sèze (le frère était l’avocat de Louis XVI).
Ce château, qui avait beaucoup souffert des inondations, fut en partie ruiné lors des Guerres de Religion (1560-1598). Il fut reconstruit à son emplacement actuel, probablement sur les avant-postes du vieux château du XVIIème siècle.
Après la révolution, il fut restauré selon les mêmes plans, conservés dans les archives familiales : une grande partie date de l’époque de Louis XIII et la tour, de l’époque d’Henri IV. Au milieu du XIXème siècle, Aurélien De Séze réalisa d’importants travaux (surélévation du corps central, répartition des pièces par la construction d’un couloir, le grand mur de pierre qui fermait la propriété est remplacé par un mur plus bas surmonté d’une grille); il fit aussi une tentative d’élevage « industriel » de sangsues dans le marais d’Eyran.
Des sarcophages, en pierre, non sculptés, ont été trouvés dans le parc. Ils sont estimés de l’époque mérovingienne mais ne possèdent pas de valeur archéologique.
Notons que ce château dut recevoir fréquemment les visites de célébrités littéraires : Michel de Montaigne était cousin germain de Joseph D’Eymar, Joseph Dubernet était arrière-grand-père maternel de Montesquieu, et Aurélien De Sèze eut une idylle avec George Sand.
(Sortis d’un vieux sac, toute une série de parchemins, notes et lettres, permirent à Stéphane De Sèze de retracer la vie du château.)
Le Château de La Prade (propriété privée)
Le bâtiment est d’un style néo-classique typique avec son fronton triangulaire et ses lignes élégantes, il remplace un château plus ancien dont il ne reste pratiquement plus rien. De l’époque antérieure au XVIIIème , subsistent le pigeonnier bien conservé et un moulin. Les plans des dernières constructions datent du début du XIXème siècle. Les planchers, en revanche, reposent sur des structures métalliques, ce qui correspond à la technique de Gustave Eiffel, de plus en plus utilisée à partir du XIX.
Le ruisseau le Saucats traverse le domaine et a permis de former un petit lac qui agrémentait un très beau parc. Cette propriété a appartenu à la famille De Pontac au XVIIIème siècle puis a échu à la famille Faugère.
La chapelle de ce château est élevée à l’écart de la demeure, sur les bords du lac. La graphie de la date de 1895 qui y est gravée laisse à penser qu’il s’agirait d’une trace de Viollet-le-Duc.
La propriété a été rachetée et partagée entre trois propriétaires.
Le Château Lamothe (route de Canterane)
Construction du XVIIème, il s’élève sur l’emplacement de la Villa gallo-romaine. C’est dans le parc de cette propriété que furent trouvés les deux sarcophages exposés au musée du Louvre, et aussi la statue du 1er siècle supposée représenter le Dieu Mercure.
Le Château LAMOTHE était une propriété très importante, (deuxième seigneurie de Saint Médard), qui possédait des pâturages jusqu’à L’Isle Saint Georges encore au XIXème. Les extrémités des deux ailes des communs supportent des pigeonniers absolument similaires.
C’est dans ce château que naquit Sophie De La Rochetière, fondatrice en 1814 des Sœurs de Marie-Thérèse, à Bordeaux.
Le Domaine de Larchey (propriété privée située route de Larchey)
La première succession connue remonte à 1839 (donc construction antérieure).
C’était une petite propriété viticole, ce n’est qu’en 1941 que M.Bardinet (le rhum Négrita) l’acquiert et regroupant des terres et des bâtiments en fait la grosse et superbe propriété qu’elle est actuellement pour un élevage de chevaux : l’aile gauche qui abritait les chais devient écuries, le pigeonnier est conservé, les chênes de la cour sont plus que centenaires.
Le Domaine de Lartigue (propriété privée de Melle Lehman)
Propriété de famille depuis 1660, elle s’étend de l’avenue du Sable d’Expert, autrefois appelée route de Pie IX, au Chemin des Marais. Elle fut achetée par M.Yung, probablement armateur, qui habitait Bordeaux. Ce fut pour lui une résidence secondaire, propriété de rapport (élevage de vaches, viticulture, cultures maraîchères (les marais, alors entretenus et donc sains, étaient couverts de prairies et de terres cultivées). Ce devait être aussi un rendez-vous de chasse.
Par le jeu des successions, ce domaine est passé successivement à M. Delpech, Mme de la Chapelle (qui a donné son nom au chemin qui borde la propriété), Mme Casajeu et aujourd’hui Melle Lehman.
Le bâtiment de maître, en position centrale ici, fut reconstruit au XVIIIème siècle : il comprend cinq salles sur toute la longueur dont une est immense, ses boiseries sont de style Louis XV, les ouvertures sont à linteau en arc segmentaire. Les deux ailes sont plus anciennes, «probablement du XVème» dit un architecte : l’une abritait le chai (l’un des deux plus anciens dans le pays de l’Arruan) et le cuvier, l’autre le grenier à foin et les vaches. A l’extrémité d’une des ailes des communs, domine le pigeonnier.
Margeon (propriété privée située côte de Monteroy)
Ancienne maison forte du XVIème siècle, bâtie en moellons : bâtiment de masse rectangulaire, tour accolée pour accéder aux étages par un escalier à vis, et meurtrières; la dernière hauteur de la tour devait servir pour le guet.
La bâtisse a été modifiée au XIXème, par la surélévation d’un 2ème étage et la création d’une terrasse à ce niveau-là, en pierres de Léognan; de grandes ouvertures ont été pratiquées dans tout le corps du bâtiment, mais la tour conserve des meurtrières et des barreaux aux petites ouvertures.
Le propriétaire actuel a pris possession de la maison par donation de son père, M.Roger Droin, maire du village, qui l’avait achetée au début des années 60, alors qu’elle était en état de ruines avancées. Depuis, la cour a été agrémentée d’un jardin à la française : un puits alimente les fontaines au milieu des ifs, des cyprès, des buis et des charmes artistiquement taillés, un labyrinthe permet de trouver un isolement parmi les ifs taillés à 2m de hauteur.
Cette demeure s’appelait « château des Treilles » en 1860.