La plus ancienne mention de la paroisse date de 1274.
A l’entrée de la Palu, près des Sables et d’un vieux moulin, on découvrit en 1785 les fondements d’une église qu’on prétendit être ceux de l’ancienne église de Saint-Médard-d’Eyrans. Elle fut transportée pierre par pierre en 1600 (à cause des inondations) et reconstruite à l’emplacement actuel.
C’est une petite église surprenante : romane d’origine, elle le reste à l’extérieur, mais elle est typiquement XIXème pour le décor intérieur.
Excentrée du bourg, l’église a été bâtie sur un tertre, près d’un petit ruisseau le Milan. Elle se situe à l’intérieur du cimetière communal qu’il faut traverser pour y accéder, symbolisant ainsi l’union des vivants et des morts, dans la pure tradition des églises primitives.
Romane à l’origine, l’église a subi d’importants travaux de restauration, notamment au milieu du XVIIIème siècle et surtout au XIXème siècle par Gustave Alaux, (reconstruction avec clocher pignon agrandi), puis au début du XXème siècle.
Elle ne possède qu’une seule nef et transept. Elle est orientée de façon classique, le choeur dirigé vers l’Est. Elle surprend avec son clocher mur et ses deux cloches apparentes.
L’intérieur de l’église est typiquement XIXème siècle.
Notre église à travers l’histoire
Très peu de documents relatifs à la période de la révolution ont été trouvés. Les citoyens, conditionnés par des siècles d’esclavage et d’asservissement et sans véritable autorité pour les maintenir, se sont laissés aller à des exactions.
L’église de notre village, comme toutes les autres à travers la France, a subi les outrages de la vindicte populaire.
Des faits ont été relatés ainsi :
Par l’église du village (lecture sur quelques stèles réalisées sur commande de l’abbé Bonnin, après 1857)
« Le 10 décembre 1793 cet autel fut profané. »
« Le 10 décembre 1793, l’arbre de la Liberté est planté devant l’église de Saint-Médard, un festin sacrilège est donné sur l’autel du Corps du Christ et des danses sont organisées. »
« Le Christ en bois, vénéré dans cette église de temps immémorial, fut décapité et brûlé l’an 1793. »
« Le 15 décembre 1793 : Comment la municipalité de Saint-Médard-d’Eyrans renie publiquement son patron, l’évêque de Noyon et veut que désormais la commune soit appelée Montagne d’Eyrans »
« Le 14 juillet 1794, entre chants et danses, devant l’arbre de la Liberté, les images des Saints sont mises en pièces et brûlées. »
Par le « Bulletin et Mémoires de la société archéologique de Bordeaux » :
« …A cette occasion, (plantation de l’arbre de la Liberté) et pour donner plus d’intérêt à cette cérémonie, un taureau fut enlevé à l’étable du château d’Eyran, il fut conduit devant le porche de l’église. Comme au temps des cérémonies païennes de l’Antiquité, il fut égorgé en présence de la foule et servi au festin (repas civique) célébré dans la nef de l’église. A partir de 1790, la municipalité faisait de fréquentes réunions dans ce bâtiment. »
L’église et le presbytère se trouvaient en très triste état vers 1830 et il fallut encore faire des restaurations pour qu’un curé puisse être nommé. Celui-ci, Martin Merino, ancien franciscain espagnol, n’ayant pas rempli sa mission, fut interdit en 1840. Revenu dans son pays le 2 février 1852, ce militant libéral décida d’attenter à la vie de la reine d’Espagne, Elisabeth II, en la blessant d’un coup de poignard. Il fut très rapidement jugé et exécuté cinq jours plus tard.
Après une très longue période de troubles, et alors que la France «s’industrialise», l’Eglise connaît « une fièvre de reconstruction » et pense à la nécessité de relancer la foi catholique. Nous sommes à l’apogée du Second Empire.
1854 : les gros travaux de notre église de Saint-Médard-d’Eyrans sont terminés,
1857 : l’abbé Philippe Bonnin est nommé desservant du culte sur la paroisse. Il y restera pendant un demi-siècle, et tout près de là, la voie ferrée Bordeaux/Langon est en construction.
Au pied du chevet, se trouvent les tombeaux de la famille de Sèze et de la famille de Mademoiselle de La Rochettière, bienfaitrice de l’église et fondatrice avec l’abbé Lespiaut de la congrégation des Religieuses de Marie-Thérèse, installées actuellement à Lyon.
A l’intérieur
Le mobilier particulièrement important est composé de nombreux éléments en pierre, bois ou ferronnerie.
La décoration surprend par sa richesse, elle comporte des inscriptions lapidaires rouge carmin, des stèles murales, des céramiques représentant des oiseaux, des fleurs de lys, salamandres, feuilles de lierre ainsi qu’un grand nombre de blasons et d’écus.
La décoration intérieure est l’œuvre de l’abbé BONNIN. Arrivé en 1857 à l’âge de 30 ans, il a célébré sa dernière messe en 1907 à 80 ans, ayant employé ces 50 années à orner et enrichir son église. Il faisait souvent appel à la générosité de ses paroissiens, dont les familles des notables BROCHET, DE LA ROCHETTIÈRE, LHEMMAN, DE SEZE, NOLIBOIS (qui fut maire de 1795 à 1812, puis son fils de 1819 à 1837) …etc.
Au retour de ses pèlerinages à Rome (1862), à Saint – Jacques- de- Compostelle et en terre sainte (1885), il faisait installer des statues et sur les murs, des plaques ornées de belles inscriptions. Pour les statues, souvent en pierre blanche de Chauvigny, il s’adressait à PRÉVÔT, célèbre bordelais.
L’inventaire réalisé par deux historiens en 1996, à l’initiative de la mairie, donne dans le détail l’origine de chaque ornement ajouté, pièce par pièce, par cet extraordinaire « collectionneur ».
Les vitraux de 1863 sont signés FEUR ET VILLIET. Dans la sacristie, sur deux anciens vitraux de couleur rouge en forme d’écu, on peut voir sur l’un un bâton, deux coquilles et deux grenouilles, et sur l’autre un globe et deux grenouilles, tous éléments du blason actuel de Saint-Médard- d’Eyrans.
L’église a été entièrement restaurée. Près de trente bénévoles de l’association ESPACE, créée en 1996 à l’initiative de la mairie (Ensemble pour la Sauvegarde du Patrimoine Architectural et Culturel de Saint Médard d’Eyrans)
Les sarcophages
L’association ESPACE organise la visite de l’église le 1er samedi de chaque mois, entre 15 heures et 18 heures ainsi que pour les journées du Patrimoine. Des cartes postales ont été réalisées et sont en vente lors de ces permanences à l’Eglise.
L’inventaire complet des stèles, tableaux, statues et ornements de l’église a été réalisé et est proposé à la vente à toutes les personnes intéressées, il s’agit du « nouveau référentiel de l’église saint-Médard » mis à jour par Claudy GUERIN Il a été également réalisé par Georges MONTIEL un très bel ouvrage reprenant toutes les armoiries, soit une centaine, contenues dans l’église. Chaque blason est reproduit, traduit, et vient illustrer un article sur le personnage qu’il représente (pape, cardinal, archevêque…).Pour ces 2 ouvrages, il est proposé une souscription sur notre site.